Quand Justine retourna chez elle, la jeune femme n’était qu’une boule de haine et de rage. Ses parents n’entendirent que la porte d’entrée claquer puis celle de sa chambre. Les hurlements qui s’ensuivirent leur indiquèrent que quelque chose s’était passé... les cris hystériques de leur fille dérangèrent leur voisin et peu de temps plus tard deux policiers se présentèrent à leur domicile. Entre temps, Justine avait fini par se calmer, du moins elle avait cessé de rugir.
Les deux agents voulurent voir leur fille, son père leur ouvrit la porte et ils découvrirent une pièce ravagée, Justine hirsute et en larmes. Quand le policier lui demanda si elle allait bien, elle lui adressa un sourire triste et prétendit que son fiancé venait de rompre, après qu’elle l’eut trouvé dans les bras d’une autre. Justine avait un petit côté manipulatrice, elle excellait dans l’art et la manière pour se faire passer pour une victime. Les deux agents repartirent en lui disant de faire moins de bruit et en lui souhaitant bon courage.
Une fois que la porte fut refermée, elle attrapa le couteau qu’elle avait posé sur son bureau et lacéra la photo de Stan qu’elle avait sur le battant de son armoire. Presque tous les clichés avaient subi le même sort. Elle haïssait Sophie au point de souhaiter sa mort.
Comment cette fille avait-elle pu lui voler son amour, cette traînée?
Elle voulut envoyer un message à Sophie sur Facebook, mais la plateforme avait bloqué son compte. De colère elle créa une nouvelle adresse mail puis un nouveau compte. Elle continua ainsi d’alimenter la haine qui se déversait sur l’adolescente et le supposé fiancé.
****
Lorsque Pauline vint chercher Sophie pour se rendre au lycée, elle resta bouche bée devant la « nouvelle » Sophie.
— Ma chérie, ça te va trop bien, t’es superbe. Trop stylé, ton look ! Tu vas déchirer !
La jeune fille avait revêtu une paire de leggins avec des empiècements en faux cuir et lacés sur le côté, un petit cache-cœur noir et rouge aux manches ajourées et perchées sur des chaussures plateforme à bride.
— Merci ! On y va ? Ma mère déteste mes cheveux, elle en a fait une vraie affaire d’État ! Elle est sûre que mon père va m’obliger à enlever ces mèches… mon frangin et elle se sont disputés à cause de mes tifs… t’imagine ça ? Et je ne te parle pas de mes fringues.
— MDR… j’imagine oui, je crois que j’aurais bien ri. Personne ne va te reconnaître au bahut, ils ont l’habitude de la petite Sophie toute sage. T’en as encore beaucoup des fringues comme ça ?
— J’ai refait ma garde-robe…
— Oh ! Et c’est tout aussi si sexy ?
— Non, pouffa Sophie.
Lorsqu’elles montèrent dans le bus, de nombreux regards se retournèrent vers elles, des chuchotements fusèrent. Sophie était mal à l’aise face à l’attention qu’on lui portait, mais ce qu’elle craignait surtout c’était de se retrouver au lycée après les divers posts de Justine sur les réseaux sociaux. Elle ignorait tout des frasques des deux frères de la veille au soir. Elle prit la main de son amie et lui avoua tout bas ce qu’elle redoutait.
— Je ne sais pas, je ne suis pas allée voir ce matin.
— Je n’ose même plus regarder ma page Facebook.
— Le temps que tout le monde fasse le rapport entre la petite Sophie qui a quitté le lycée vendredi soir et la nouvelle, tu auras un peu de répit. Je doute que beaucoup fassent le rapport entre ton nouveau look et la gamine un peu timide.
— J’ai l’impression d’avoir Justine tout le temps derrière moi.
— Tu ne vas pas tourner parano quand même.
— Tu trouves que j’exagère ?
— Non, je n’ai pas dit ça. Je reconnais que Stan avait besoin d’une bonne leçon, mais là Justine va trop loin. Je lui trouvais des excuses, mais je me rends compte que j’avais tort.
Quand elles descendirent du bus elles ne virent pas les frères Jarosz devant les grilles, c’est soulagé de ne pas y trouver Stan que Sophie franchit l’entrée du George Sand. Les jeunes filles se dirigèrent vers leur salle de cours sans se retourner, sourdes au peu de remarques. Comme l’avait dit Pauline, les élèves ne faisaient pas la relation avec la Sophie qu’ils avaient déjà croisée, pourtant les avis fusaient sur les réseaux sociaux. Justine avait mis le paquet et s’érigeait en pauvre victime, Stan et Sophie passaient pour des monstres. Déjà la cible des partisans de la jeune femme, les vidéos du vendredi n’arrangeaient pas les choses. Stan et son frère faisaient de gros efforts pour faire la sourde oreille., d’autant plus que l’ex petite amie du cadet avait posté un selfie où l’on voyait les stigmates de son altercation avec le musicien. Cette photo mettait de l’huile sur le feu, de coureur de jupons, de bourreau des cœurs, il devenait celui à abattre pour les petites féministes de seize ans. Peu importait ce qui s’était réellement passé. Les propos à l’encontre de Stan devenaient de plus en plus violents. Il était la cible de la vindicte populaire, aveugle, sourde....
Stan se faisait insulter copieusement, de pervers et d’obsédé, de gros porc, de phallocrate et bien des choses encore moins gentilles, certaines allaient jusqu’à lui suggérer d’aller se pendre, qu’un mec comme lui ne devrait pas exister, qu’il méritait de mourir, de se faire castrer... mais ce qui toucha le plus Stan c’était qu’on s’en prenne au groupe et à leur musique, à ses talents de chanteur.
Que l’on remette en cause tout ce en quoi il croyait, se battait, se démenait c’était comme un coup de poing en pleine face, comme une fille qui lui arracherait le cœur. L’acharnement dont faisait preuve ces gens le blessait au plus profond de son âme, qu’on l’insulte il s’en fichait, mais que des individus mal intentionnés viennent jusque sur la chaîne YouTube du groupe pour l’étriller lui, certes, mais aussi pour descendre en flèche tous les membres de Children of Styx, ça le minait.
Les membres du groupe étaient soudés, mais le jeune chanteur finissait par se dire qu’ils ne méritaient pas ça, que tout était de sa faute. Tous ceux qu’il aimait se retrouvaient être la cible de tous ces « haters » : les autres musiciens, son frère, Sophie…
Quand les Children of Styx se retrouvèrent afin de répéter, Stan leur fit signe de tout arrêter, ce qu’il avait à leur dire lui pesait.
— Je suis désolé pour tout ce qui arrive, personne ne mérite ça et vous vous en prenez plein la gueule à cause de moi. Je crois que l’on va s’arrêter là. Anh Dũng est tout à fait capable de me remplacer, c’est un excellent compositeur et si Sophie acceptait de chanter avec lui vous pourriez aller loin. Moi, je vais me retirer de l’affaire !
Ces mots lui arrachaient la bouche, il refusait que le groupe paye les conséquences de ses actes. Ces mots le brisaient. La musique c’était toute sa vie… tout allait de travers juste à cause de cette folle, même la fille qu’il aimait le rejetait… Stan avait les idées noires, si noires qu’il songeait à tout abandonner même la vie.
Un NON général lui répondit.
— Non ! Il en est hors de question, je ne vais pas prendre ta place ! On se connaît peu, mais Children of Styx sans toi ce n’est plus Children of Styx.
— Tout à fait ! ajouta Amélie et on est tous d’accord, on est tous potes depuis des années et ce n’est pas cette chienne qui va changer quoi que ce soit et si tu t’en vas, tu peux compter sur moi pour te ramener en te bottant le cul à grand coup de Dr Martens !
— Merci !
Stan était au bord des larmes et pourtant il n’était pas du genre à s’apitoyer sur son sort. Tous les musiciens lâchèrent leurs instruments et le prirent dans leurs bras en l’assurant de leur soutien.
****
Sophie décida de fermer son compte Facebook pour en ouvrir un autre avec son second prénom et l’abréviation de son patronyme, la photo de profil était un simple dessin, seuls ses amis proches furent invités ainsi que ces connaissances parisiennes et son frère bien sûr qui avaient fait de même. Ainsi les deux enfants Nguyễn Văn Lô s’étaient mis quelque peu à l’abri de la tourmente. Mathias se montra clair avec Stan bien qu’il apprécia les Jarosz, il voulait épargner sa petite sœur et il exigea du jeune musicien qu’il laisse Sophie en dehors de tout cela.
— Je ne te demande pas de ne plus l’approcher, je veux juste la protéger et lui éviter ce qui t’arrive. Au moins le temps que tout cela se calme, que cette folle de Justine cesse de s’en prendre à toi et à ma sœur.
— Mes parents ont de nouveau porté plainte, mais ce qui s’est passé l’autre soir en boîte semble ne pas avoir convaincu les policiers... elle n’a eu qu’un rappel à la loi, je suis dégoutté. De ce que j’en sais elle m’a fait prendre, en plus des médocs, de la MDMA achetée à un mec dans la rue. J’aurais pu y rester ! Elle fait de ma vie un enfer et au final c’est moi le fautif. Je ne lui avais jamais rien promis. J’ai tout fait pour que notre séparation se passe au mieux, mais elle n’a jamais voulu comprendre que pour moi c’était juste du sexe. Parfois, je me demande jusqu’où cela va aller. Cette fille est complètement déjantée, elle fait une fixette sur moi c’est dingue.
— Quand tu aimes quelqu’un, ce n’est pas facile d’accepter que l’autre n’ait pas les mêmes sentiments, je suis bien placé pour le savoir avec Kim.
— Tu es si amoureux que ça d’elle ?
— Oui, répondit Mathias dans un souffle, baissant la tête et le cœur meurtris.
— Tu serais prêt à quoi pour elle ?
— J’étais prêt à mourir si c’est ce que tu veux savoir, si je n’avais pas décroché le téléphone quand Sophie m’a appelé, aujourd’hui je ne serais plus de ce monde. J’ai fait beaucoup de choses pour Kim... j’ai été stupide, mais notre relation n’a rien avoir avec ce qu’il y avait entre Justine et toi. Je suis resté deux ans avec elle, je croyais vraiment à ses sentiments, j’ai fermé les yeux sur beaucoup de choses et le pire c’est que je me suis coupé des gens que j’aimais, j’ai sombré dans la drogue. Je ne me rendais pas compte à quel point j’étais descendu bien bas. Je n’avais pas conscience à quel point Kim est toxique. Je n’ai pas encore dix-huit ans et je crois bien que tous les excès à faire je les ai faits... alcool, drogues, violences... sauf tuer.
— Tu le regrettes ?
— Oui et non ! On a passé de supers moments ensemble, mais plus le temps a passé et plus nos moments ensemble c’était que de la défonce.
Mathias sortit de son portefeuille une photo et la tendit à Stan. Il découvrit une jeune asiatique aux cheveux tricolores, noirs, bleus et blancs, les traits fins et d’une beauté à couper le souffle. Il comprenait très bien que son ami puisse avoir craqué pour cette fille.
— Ah ouais quand même... tu m’étonnes, quel mec ne baverait pas devant une telle fille. Elle est vraiment canon, mais dans le genre asiatique, je préfère ta sœur. Les filles hypersophistiquées, j’ai donné ma part.
— Et à quoi, elle ressemble cette Justine ? Je n’ai pas fait attention plus que ça l’autre jour.
— Je n’ai pas sa photo sur moi. Il y a longtemps que j’ai viré les selfies qu’on avait faits ensemble, mais il en reste peut-être de ceux qu’elle a faits l’autre soir... ou tu vas sur son mur, elle adore les photos.
Stan vérifia sur son smartphone, mais il avait viré toutes les photos que Justine avait prises.
Il se rendit sur Facebook et ouvrit la page de Justine, il y avait une multitude de selfies dont certains pris en boîte dix jours plus tôt. Des clichés quand ils sortaient ensemble. On l’y voyait tantôt avec une crinière d’un blond cendré, tantôt flamboyante ou argentée comme sur les dernières prises quelques jours plus tôt avant son changement pour du noir.
— Elle est belle, mais elle me fait l’effet d’un vrai poison. Aussi égocentrée que Kim, on devrait les présenter. C’était Kim et sa cour et de ce que j’en vois, ta Justine c’est pareil. Ça te dérange si je me sers de ton téléphone pour bloquer certaines photos, cette salope a encore mis des photos de ma sœur. Elle vous suit sans cesse. C’est une vraie obsession.
— Bien-sûr ne te gènes pas !
— Pour en revenir à ma sœur, ce serait bien qu’elle reste en dehors de tout ça, du moins qu’on essaie de l’en protéger, c’est pourquoi je te demande de ne plus l’approcher du moins au lycée. C’est préférable pour elle, si tu l’aimes autant que tu le dis, fais-le pour elle. Oublie-la ! Quand tout ça sera fini, si tes sentiments sont toujours là peut-être que ce sera possible entre vous, mais pour le moment je ne pense pas que ce soit souhaitable. Sophie va s’en prendre plein la tête et je n’ai pas envie de voir ma sœur pleurer, je lui ai déjà assez fait de mal, ce n’est pas la peine qu’elle souffre une fois de plus !
— Tu sais ce que tu me demandes ? Si on t’avait dit de laisser Kim...
— Je sais, je t’aurais dit d’aller te faire foutre !
— Alors tu peux comprendre que je refuse de baisser les bras, j’aime ta sœur et ça, personne ne peut rien y faire !
— C’est elle qui te le demande, et tu le sais bien. Sophie est sensible et tu peux quand même comprendre que Justine lui fasse peur. Elle est aussi cinglée que Kim... et ma frangine a en a été le souffre-douleur, qu’est ce que tu crois ? Oublie-la !
Stan soupira, personne ne semblait comprendre ce qu’il ressentait. En cet instant, le jeune homme se sentait isolé, désemparé, même Iwan paraissait ne rien comprendre. Il prit sur lui le plus qu’il pouvait et à chaque fois que son regard se posait sur celle qui faisait battre on cœur il avait l’impression qu’on lui arrachait celui-ci.
De son côté Sophie faisait de son mieux pour ne pas penser au cadet des Jarosz, elle évitait du mieux qu’elle pouvait de se retrouver dans les mêmes lieux, elle refusait d’aller au sas ou même à la cafétéria et bien sûr elle ne descendait pas à la grille lors de la pose. Elle tentait de se faire la plus discrète possible, de se faire oublier, cela marchait plus ou moins bien. Elle l’ignorait bien sûr, mais Stan et même Iwan, parfois Pauline, traquaient les messages de Justine où il était question de Sophie, à tel point que le compte de Justine ne tarda pas à être supprimé. Ils firent de même sur tous les réseaux sociaux où elle sévissait si bien que ses actions se retournèrent contre elle.
La hargne qu’elle avait allumée contre Stan s’atténua faute de sources pour l’alimenter sur les réseaux sociaux. Mais elle revenait à la charge en créant sans cesse de nouveaux comptes, à chaque fois les membres du groupe bloquaient la moindre photo suspecte et mettait le nouveau profil en indésirable. Ils en vinrent même à bloquer toutes publications sur la page du groupe. Ils passaient tous un temps fou à traquer la moindre publication suspecte. Hélas, hors du NET, ou du moins publiquement, la vindicte continuait, alimentée par Justine et sa cousine et leur cour. Des messages privés arrivaient sans cesse sur le compte de Stan, ce n’était qu’insultes et même jusqu’à le pousser au suicide. Le jeune homme avait beau être solide tout cela finissait par l’affecter. On chuchotait dans les couloirs sur leur passage, des insultes fusaient. Les quelques fois où Stan ou son frère s’était agacé au point de coller l’individu contre le mur et de régler le problème par la violence avait dissuadé les moins vindicatifs. Bien sûr les deux frères eurent un rappel à la discipline et même quelques heures de colles et un avertissement, mais le message était passé... puis la carrure des deux frères fit le reste.
Des inconnus insultaient Sophie, des remarques franchement déplacées, des propositions plus ou moins salaces... mais elle avait tenu bon grâce à son frère et à ses amis. Sur la page du groupe et d’un commun accord entre eux, ils avaient fait passer un communiqué expliquant la situation, parlé des plaintes déposées et idem sur la page de Stan.
Justine passa en conseil de discipline, au regard de ses antécédents, la direction lui signifia son renvoi définitif. Seule sa cousine demeura dans l’enceinte du lycée et continua d’entretenir le feu de la haine.
****
Le jeune asiatique que Sophie avait à peine remarqué lors de son premier cours d’arts plastiques prit place à côté d’elle avant même que Pauline un peu en retard ne puisse s’asseoir près de son amie. Elle n’avait pas encore ouvert la bouche qu’il se présenta.
— Salut, moi c’est Chân Lý et toi c’est Sophie c’est ça ?
— Euh... salut, oui c’est ça.
L’adolescent entama la conversation et l’invita à aller boire un pot après les cours. Avec tous les derniers évènements depuis la rentrée scolaire deux semaines plus tôt, Sophie n’avait pas vraiment eu l’occasion de se faire des copains, aussi elle accepta avec plaisir. Pauline les laissa seuls après être restée un petit quart d’heure avec eux. Chân Lý se montra agréable, curieux. Comme elle il était né en France ainsi que ses parents, ses grands-parents étaient arrivés très jeunes tout comme les siens et ils ne tardèrent pas à se rendre compte qu’ils devaient se connaître comme pour elle, ses aïeux s’étaient installés dans ce petit village du Bourbonnais, d’ailleurs ses grands-parents et arrières grands-parents habitaient toujours Noyant.
— C’est dingue ça quand même que les petits enfants se retrouveraient au lycée ensemble alors que ma famille est partie assez rapidement sur Paris.
— Ça te dirait d’aller au ciné demain ?
— Pourquoi pas, mais je ne sais pas ce que Pauline a prévu.
— Pas de problème, des copains et copines seront là, si Pauline ne craint pas de se retrouver avec presque que des asiates...
— Il y en a beaucoup ici ?
— Beaucoup non, mais je dirais qu’on est un certain nombre. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais il est difficile de ne pas nous croiser quand on traîne dans Montlu.
Le bip du smartphone de Sophie retentit lui annonçant que son frère lui envoyait un message.
« T’es ou ?
Au Majestic, je bois un pot avec un copain.
OK j’arrive »
— Je crois que tu vas rencontrer mon frère Mathias, mais je te préviens il préfère qu’on l’appelle Anh Dũng.
— OK, il vient voir qui sa petite sœur fréquente ?
— C’est bien possible.
Cinq minutes plus tard, Mathias entrait dans le bar et se présentait à leur table. Comme à son habitude, le premier réflexe qu’il eut fut de s’adresser à sa sœur, mais également à l’adolescent qui l’accompagnait en vietnamien.
— Désolé, mais je ne parle que français.
— Ah...
— Ça pose un problème ?
— Non t’inquiète, c’est bien que ma sœur se fasse des copains, ici elle ne connaît personne à part Pauline et mes potes.
— Tu joues avec les Jarosz, c’est ça
— C’est ça.
— Bons musiciens... mais pour Sophie, il vaut mieux les éviter.
— C’est bien mon intention.
— On va rentrer, les parents m’ont demandé de venir te chercher... tu oublies qu’on a des invités ce soir.
— Oh merde j’avais complètement oublié.
— On se retrouve demain ?
— Je viens te chercher si tu veux ? 15H ? On ira manger en ville avant d’aller au ciné, ça te va ?
— Nickel !
Sophie avait complètement oublié que leur mère avait invité les Jarosz à dîner le soir même pour les remercier de leur gentillesse. C’est avec soulagement qu’elle apprit que seuls les parents et Alexy venaient. Stan avait décliné prétextant du travail et Iwan connaissant le point de vue de Sophie avait choisi de ne pas venir, quant à Éva, elle retrouvait la sœur aînée de Pauline avec laquelle elle avait eu une liaison par le passé. Le week-end passé à Clermont avait renoué les liens qui les unissaient aussi les deux jeunes femmes songeaient à vivre ensemble, mais auparavant elles préféraient voir où cette liaison les mènerait.
Paul était rentré du Japon le mercredi et ne restait que quelque temps, il devait repartir le 1er octobre, le lendemain de l’anniversaire de son fils. Il avait observé sa fille avec surprise face à la métamorphose de celle-ci et au grand dam de Lan Ahn, il avait aimé les mèches rouges de sa fille.
— Ça te va bien, j’ai pensé à toi quand j’étais à Tokyo et j’ai pris discrètement quelques photos. Il lui montra sur son smartphone quelques clichés d’adolescents japonais au look extravagant. Je trouvais que tu étais bien trop sage, est-ce qu’il y aurait un garçon là-dessous ?
Sophie devint écarlate en pensant à Stan et assura que non ce qui n’était pas tout à fait faux. C’était plus exactement son frère qui l’avait motivé à changer ainsi que Pauline dont elle enviait l’assurance.
****
Anaïs, la cousine de Justine l’informa qu’elle n’avait pas vu Sophie un seul instant avec les Jarosz, pourtant dès qu’elle avait pu, elle avait suivi Stan comme la jeune femme le lui avait demandé. Satisfaite, Justine se dit que sa rivale semblait évincée. De toute façon, elle ne trouvait plus son compte sur les réseaux sociaux...
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